Si je poursuis l’analogie du corps humain, je constate que notre société est fondée sur le haut du corps considéré supérieur autant dans l’idée de hauteur que dans celle de valeur. Nous avons tendance à créer des structures qui descendent du haut vers le bas. C’est l’approche hiérarchique qui impose ses vues à partir du sommet.
Je suggère de redécouvrir le bas du corps. Tout part du sol, des pieds, des jambes. Par exemple, ça prend deux jambes solides dans le hip-hop, le break dancing ou la danse de rue. Au tennis aussi, le jeu de jambes est nécessaire pour atteindre la balle et pouvoir la frapper en appui.
Le bas du corps pour une coopérative, ce sont ses membres. Sa force vient de ses militants animés par des valeurs communes. Pour créer une coop, il faut que les fondateurs aient une vision, un but collectif défini, compris et partagé par la base.
J’ai été élevé dans un village où les valeurs catholiques étaient la référence. Il me vient à l’esprit la foi, l’espérance et la charité, cette dernière vertu étant la plus fondamentale pour le coopératisme. Le partage et la solidarité nous engagent à agir avec amour, bonté, générosité et serviabilité envers notre prochain. Les coopératives québécoises sont nées dans cette perspective, qui était aussi celle des corvées que nos ancêtres accomplissaient ensemble.
Ainsi, l’œuvre d’Alphonse et de Dorimène Desjardins est au départ à la fois morale et économique. Desjardins écrit en 1910 que le Catéchisme des Caisses populaires sera «un levier puissant de relèvement moral, intellectuel et matériel dont les heureux effets se traduiront […] par une conception plus haute et plus large du rôle du citoyen et du travailleur».
Desjardins avait de bonnes jambes. Son initiative a pu compter sur le dévouement, l’abnégation, voire le zèle de milliers de bénévoles bâtisseurs qui recherchaient le mieux-être collectif.
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